Tout à commencer en avril 2018.
Suite à une infection dentaire qui s’est propagée au niveau de la mâchoire inférieure droite, je suis mise sous antibiotiques pendant 8 jours.
Les antibiotiques n’ayant pas fait effet, l’infection est toujours présente après plus de 8 jours de traitement. Je ressens des douleurs au niveau de la mâchoire inférieure droite de plus en plus vives. L’infection se propage et commence à me déformer la mâchoire.
Je prends rendez-vous chez le dentiste qui me fait faire une radio panoramique et là je découvre
avec stupeur, que j ‘ai deux énormes kystes de chaque côté de la mâchoire inférieure et deux petits kystes au niveau de la mâchoire supérieure.
Dans l’urgence,
mon dentiste, se sentant dans l’incapacité
de me soigner et ayant pris peur, me redirige vers un spécialiste
maxillo-facial, au CHU de Saint-Malo. J’ai un rendez-vous deux mois plus tard pour pouvoir être prise en charge.
N’ayant pas d’autre choix que de patienter, je me soigne avec ce que je peux afin d’atténuer les douleurs
et l’infection.
Lors du rendez-vous avec le spécialiste, il prit le temps de regarder les radios et m’annonce
assez froidement qu’il y a bien deux kystes, que l’on appelle des kystes mandibulaires, sur la mâchoire inférieure ainsi que deux petits sur la mâchoire supérieure ; que les kystes mandibulaires sont là depuis un peu plus de deux ans
(nb : il n’y a aucun moyen de détecter des kystes, c’est pourquoi il est important de consulter un médecin dès qu’on a des douleurs au niveau de la mâchoire, des gencives etc. afin d’être pris en charge rapidement)
et qu’ils me grignotent
les os de la mâchoire.
Il me reste seulement
quelques millimètres d’os qui peuvent se briser à tout moment
:
en mangeant une pomme
par exemple.
Il m’annonce qu’il va falloir opérer, ouvrir toute la mâchoire, de ce fait, extraire toutes
les dents du bas et éventuellement si cela est nécessaire, de mettre des plaques de titanes pour consolider
la mâchoire. À cet instant, je ne me sens pas bien, c’est un grand choc, le stress m’envahit, je ne m’y attendais pas…
À ce moment là, on ne peut s’imaginer que c’est le début d’un grand bouleversement qui va changer toute une vie…
Le spécialiste n’étant pas disponible de tout l’été, j’ai dû, encore une fois, patienter encore deux mois supplémentaires
et faire attention, être vigilante
pour ne pas accentuer le problème.
Vous comprendrez bien, que je n’ai pas mangé de pomme…
Le rendez-vous a eu lieu et a duré assez de temps pour définir la date de l’opération qui a été programmé pour le 1er octobre 2018.
1er octobre 2018
: Ça y est. Les kystes ont été enlevés et les dents avec.
Quelques semaines plus tard, le manque de nourriture
solide a commencé à s’intensifier et à me poser vraiment problème. J’ai commencé à avoir des compulsions alimentaires, des envies de manger 24h/24
,et ce, pendant plusieurs mois.
Il a fallu gérer
mes envies de manger tout et n’importe quoi (gâteaux, chocolat…) car cela peut vite devenir un puit sans fond, un enfer.
Quand on ne peut pas manger, avoir une mastication, on ne peut pas digérer, le travaille de digestion ne se fait pas. En résulte des problèmes intestinaux, des douleurs intenses
au niveau des intestins, du ventre, des gonflements et j’en passe. Il a fallu aussi gérer ces douleurs en consultant un acuponcteur
qui m’a appris, en autre, à faire des auto-massages pour parvenir à un mieux-être.
Les mois ont passé, j’ai appris, mois après mois, à vivre avec.
Je n’ai jamais pu être appareillé
puisqu’il a fallu une seconde opération en septembre 2019, car les douleurs persistaient, la cicatrisation ne s’est pas faite correctement et les séquelles
de la première opération ont provoqué une paralysie
du côté droit de la mâchoire, le nerf ayant été touché.
De ce fait, mon médecin traitant, me dirigea vers un neurologue afin de gérer mes douleurs.
Il faut bien imaginer que les Noëls
ont été très problématiques, les repas en famille aussi. Pourquoi ?
Quand on ne peut pas mâcher, croquer, déguster, quand on ne peut pas s’alimenter normalement, la frustration
est constamment présente, elle ne part pas.
C’est très frustrant de regarder ses proches
prendre plaisir
à manger, à partager un repas
et d’en être exclu car ce que l’on a dans notre assiette nous dégoûte. On finit par être dégouté de la nourriture. Elle devient sans saveur, insipide.
Il m’a fallu trouver d’autres moyens pour m’alimenter et partager des instants avec les autres.
2018, 2019
et maintenant 2020.
Je commence à mieux gérer
mes douleurs, mon alimentation.
J’ai trouvé une certaine sérénité
dans le sport, plus particulièrement, la musculation
que je pratique en salle. Le sport m’a permis de gérer une perte musculaire
importante dû au manque d’une alimentation solide
et m’a permis de partager des moments
avec autrui et créer des liens.
J’ai appris une chose importante
: ne pas rester seule et isolée. Il faut continuer à communiquer, à partager des moments avec autrui
dans un contexte différent et à s’occuper de soi.
Ma vie suit son court et une idée s’impose à moi, pendant le premier confinement.
Pendant que tout est en suspens, l’idée germe et se précise.
Avec l’aide
de ma fille Lindsey, nous mettons ses compétences
à profit et nous décidons de créer un livre
numérique, qui a pour but de partager
l’expérience, des recettes adaptées
au personnes qui, comme moi ne peuvent plus croquer la vie à pleine dent, des recettes créatives, gourmandes, à partager en famille, entre amis afin de reprendre plaisir
et surtout de se réconcilier avec la nourriture.
Le Noël 2020 se passe mieux, j’ai su adapté une alimentation qui me convient
et qui ne me procure plus de grosses douleurs.
Il m’aura fallu trois ans, trois ans pour accepter la situation
: accepter que je ne peux toujours pas être appareillé, que manger au restaurant n’est pas chose faisable et que je ne sais pas quand je pourrais croquer à nouveau dans une pomme.
Mais mon esprit est apaisé
car j’ai pu tout au long de ces trois années, trouver des solutions à mes problèmes.
Le 3 janvier 2021, nous commençons à créer ce livre, et voir son projet prendre forme avec les compétences très créatives
de ma fille Lindsey, aura été une expérience très enrichissante.
Je vous laisse le découvrir et j'espère qu'il vous redonnera plaisir
à manger
et à partager ces recettes avec vos proches.
Chaleureusement,
Anita